Cap sur la cop – Etape 5 -Arrivée à temps et en Eure ? – Le Mans/préaux sur Perche

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5e jour de convoi. On est rôdé. Petit déjeuner roboratif, café, briefing général et c’est reparti. Le ciel facétieux hésite entre averse et éclaircies. L’étape du jour est plutôt courte au compteur, 36  kilomètres le matin et une petite vingtaine l’après-midi, mais relevée par des reliefs constants. La route vallonée traverse des bourgades endormies aux noms évocateurs comme « la Rouge », ou passe devant une longue cheminée ôcre entourée de batiments industriels désaffectés au-dessus d’une rivière. Sa vision pique l’imagination des cyclistes  qui y voient le temps d’un battement de cil, un fabuleux lieu à occuper pour lui donner une seconde vie. Mais Paris nous attend ! Le serpentin de vélos scindé par les tracteurs s’étend sur plusieurs centaines de mètres, et maintenir la cohérence de l’ensemble n’est pas une mince affaire. Au détour d’une route, les tracteurs disparaissent pour aller faire le plein de rouge dans une ferme de soutiens paysans. Dans la voiture de tête, une petite bouille coiffée d’une chapka sort sans cesse par la fenêtre et s’accroche au mégaphone, invitant les badauds à nous suivre jusqu’à la capitale et lançant des chansons détournées faites de refrains griffonés pendant les pauses pipis.

Nous nous arrêtons à midi dans un « foyer rural » à l’imposante façade. A l’intérieur une salle en parquet, faite pour accueillir confortablement des centaines de personnes, avec au fond un grande scène et d’épais rideaux rouges. Ces espaces, nés dans les années 30 comme alternative laïque aux activités paroissiales, ont accueilli pendant des décennies les fêtes, repas, célébrations et réunions de la commune et du monde agricole. Dans un monde où les campagnes se vident et où chacun passe beaucoup plus de temps enfermé derrière des écrans qu’en rencontres avec les voisins, nos hôtes nous expliquent que les foyers ruraux ne sont évidemment plus aussi vivants. Ce midi en tout cas  celui qui nous accueille vibre fort de notre présence. De nouveaux conducteurs de tracteurs arrivent et prennent le relais de ceux qui repartent pour assurer le travail à la ferme.

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Surprise, surprise ! La préfecture d’Eure et Loir, qui nous avait signifié hier qu’elle interdisait toute manifestation sur son territoire nous recontacte pour nous expliquer qu’elle ne considère pas notre convoi come une manifestation. Elle s’engage même à le laisser passer. Un nouvelle étape de gagnée ! La nouvelle, transmise à midi dans la salle du foyer rural est accueillie par des cris de joie et des frappes en rythme sur les tables.

Nous apprenons en pédalant, plus tard dans l’après-midi, que les invitations à braver l’Etat d’urgence se multiplient sous diverses formes. Les amies de Paris nous racontent que les 58 personnes convoquées au commissariat, suite à la manifestation de soutien aux sans-papiers de dimanche à Paris, se sont réunis lors d’une assemblée ouverte. Ils ont annoncé refuser collectivement de se rendre à la police. Ils appellent à manifester de nouveau dimanche 29 novembre. C’est aussi le cas de l’assemblée parisienne anti-cop 21 (http://anticop21.org/ils-nous-cachent-le-soleil-4138?lang=fr) ou d’un collectif d’écrivains et militants (https://lundi.am/Bravons-l-etat-d-urgence-retrouvons-nous-le-29-novembre-place-de-la-Republique). La coalition climat 21 appelle quant à elle à former une grande chaîne humaine entre République et Nation pour maintenir une présence dans la rue…(http://www.solidaires.org/Etat-d-urgence-climatique-une-chaine-humaine-pour-un-Climat-de-paix)

Notre groupe d’accueil en Ile de France nous confirme néanmoins dans l’après-midi que la Préfecture de Paris n’a aucune intention de laisser notre convoi s’approcher de la capitale et qu’ils considèreront tout attroupement de notre fait de plus de 2 personnes comme une infraction à l’interdiction de manifester. L’Etat d’urgence donne décidemment des ailes orwelliennes à certains. Saclay, terres menacées où nous devions converger avec les autres convois vendredi soir est d’ailleurs en train de se transformer en zone militarisée. Nos dirigeants ont l’air d’y être obsédés, entre autres, par le spectre de la naissance d’une zad en région parisienne. Les personnels du campus Supélec sur le plateau de Saclay ont reçu un mail leur mettant à disposition un contact de délation des « comportements et actions suspectes ». Extrait de la missive en question: « Le Plateau de Saclay sera particulièrement concerné en ce que plusieurs mouvements de contestation ont décidé d’en faire leur base de convergence et de repli, en marge des manifestations parisiennes. Cette contestation peut revêtir des actions violentes et s’enraciner pour une longue durée sur les zones choisies alors appelées « zones à défendre » (ZAD). Aussi, les pouvoirs publics ont-ils dû prendre en compte les considérations d’ordre public qu’engendrera cet état de fait, en lien avec les responsables des établissements et des nombreux chantiers en cours sur ce territoire.  (lien plus complet là)

Nous arrivons vers 17h à Préaux-sur-perche, en plein parc naturel du Perche, dans une nouvelle salle des fêtes. Ce soir encore, nous avons droit à 200 places au chaud chez des habitants. Les cantines, qui nous ont précédés, sont depuis quelques heures déjà en plein marathon culinaire. Après le goûter, un colporteur fait la criée du jour et lit les différents petits mots glanés au sein du convoi pendant la journée. Tout s’y mêle : petites annonces, blagues, coups de gueules politiques, mots d’amour et accès de poésie subite.

Le soir, l’une de nous entre en contact avec la Préfecture des Yvelines pour connaître ses intentions. C’est le premier département d’île de France que nous devons traverser vendredi matin après l’Eure et Loir. Le cabinet du Préfet nous dit tout net qu’il considère pour son compte que notre convoi est bel et bien une manifestation. Notre émissaire lui répond qu’ils n’ont pas l’air de s’accorder sur les définitions avec la Préfecture d’Eure et Loir et l’informe à nouveau de notre volonté d’emprunter les routes d’Ile de France..

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Au vu des pressions et de l’imminence de notre arrivée, nous avons décidé de prendre le temps de faire une assemblée avec tout-e-s les participant-e-s au convoi. Certain-e-s d’entre nous se connaissent bien, ont l’habitude de lutter de conserve ou ont participé depuis plusieurs mois à l’organisation de la tracto-vélo. D’autres nous ont rejoint au départ samedi matin et se sont impliqués en cours de route.  Ce qui est sûr, même si des visions diverses sur la suite du convoi sont en débat, c’est que la pérégrination commune a soudé le groupe en quelques jours. Pour confronter nos point de vues, nous passons d’abord par un échange d’infos, avant de se retrouver en groupe d’une quinzaine de personnes pendant ¾ d’heure. Chaque groupe expose ensuite, en quelques phrases, à l’assemblée de nouveau réunie les scénarios qu’il a retenus, ses limites et désirs. Des plans communs commencent à prendre forme et vont rester en discussion. Ce qui est certain, c’est que personne n’a envie de soumettre docilement à ceux qui veulent profiter de la situation pour interdire toute contestation. Et nous sommes sûr-e-s aussi de vouloir se tenir ensemble jusqu’au bout et de clôre notre équipée par un grand banquet.

Le convoi Cap sur la Cop ira-t-il jusqu’en Ile de France, voire jusqu’au bout du monde de nos rêves ? Vous  le saurez bientôt. Et si l’histoire s’accélère, jetez des coups d’oeils sur http://marchesurlacop.noblogs.org où se trouveront des nouvelles en direct…et  préparez vous à nous rejoindre !

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Cap sur la cop – étape 4 – Mardi 24- de la ZAD au JAD – la Flèche à Ste Corneille

Le même texte en photos et plus d’infos sur zad.nadir.org et https://marchesurlacop.noblogs.org

Dès 9 heures, forts d’un nuit au chaud chez les flêchois chacun-e a retrouvé le chemin de la ferme où sont restés nos tracteurs. Les paysans sont tout sourires : « un accueil de première » ; « comme des rois ». Certains d’entre nous repartent avec des champignons, un pot de rillettes-cadeau dans leur sac, d’autres avec le souvenir de mini concert guitare jusque tard dans la nuit ; et lancent des chansons que nous reprendrons en chœur le temps que les quatre pelotons du convoi se mettent en place.

La pluie qui tombe dès le matin et nous accompagne toute la journée ne démotive pas les cyclistes ! C’est l’occasion de tester et comparer dans les rires nos équipements plus ou moins imperméables, où l’on découvre les capes de pluie avec capuche transparente sur les côtés pour ne pas avoir des œillères, ou avec orifices pour passer les mains et tenir le guidon, les chaussons imperméables qui protègent les chaussures de l’eau qui dégouline le long des jambes, remplacés le plus souvent par des sacs poubelles du plus bel effet … On peut dire que la pluie est une bonne ennemie du fichage généralisé qui nous guette malgré nos précautions : sous nos impers, pantalons de pluie, capes et capuches nous sommes difficilement identifiables, ce sont les RG présents aujourd’hui qui seront déçus !

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La pause du midi à Fillé reçoit une troupe bien trempée réjouie de pouvoir se mettre à l’abri dans une salle et touchée encore une fois par l’accueil. Les porte-manteaux, les supports de table, tous les clous sur les murs, etc. servent à suspendre nos équipements dégoulinants. Notre équipe cuisine nous a concocté un repas immédiatement prêt à être servi et le bruit de nos conversation remplit vite la salle. Prêts pour le départ : nous quittons le site de Moulin Sart.

Un passage remarqué dans le Mans sur les boulevards extérieurs des ralentissements, accueil des tracts de cap sur la cop par les automobilistes plutôt patients et souriants : il nous faut nous hisser pour atteindre la cabine des semi remorques dans le mini bouchon le long de la voie du bus rapide en chantier.

Quelques coup de pédales plus loin , nous quittons la rivière montons vers le centre ville dans un tintamarre qui résonne tant et tant avant de remonter la ligne de tram. Chemin faisant , nous quittons le paysage urbain et descendons par une petite route bordée de talus vers le jardin de Béner. Pendant que l’on déguste du thé chaud et qu’une dame du collectif nous distribue des petits gâteaux, l’un des jardiniers nous explique : « ici on ne parle pas de ZAD mais de JAD : Jardin A Défendre » . La lutte du Jardin de Béner date de janvier. Des soirées publiques et tractages sur les marchés dénoncent le projet d’une zone commerciale de 67 000 m 2 qui augmenterait encore de 25% la surface commerciale totale déjà déployée sur le Mans métropole. La lutte a abouti à une occupation et projet de jardin collectif sur une zone propriété de Le Mans Métropole qui jouxte celle du projet : « Une AMAP a donné 500 plants de tomate que nous avons vu grandir et donner ici tout l’été. L’idée est de créer un jardin solidaire et de donner une partie de la production à une asso de soutien aux sans-abris ». Ils prévoient de batailler juridiquement en mettant en avant la proximité de l’Huisne en contrebas et la loi sur l’eau.

On repart pour quelques derniers kilomètres et nous retrouvons avec bonheur les senteurs des feuilles d’automne mouillées le long de haras où de jeunes chevaux graciles qui accourent nous faire signe sur notre passage. Comme à l’accoutumée nous ouvrons à notre arrivée notre coquette « cabane accueil » montée sur une remorque qui nous accompagne tout au long du trajet, pour renseigner les personnes qui viennent participer au convoi, celles qui veulent en savoir davantage sur notre aventure ou consulter au calme des brochures.

En assemblée, on apprend que les autorités nous réservent une nouvelle surprise : la Préfecture d’Eure-et-Loir, où se situe notre prochaine étape, nous adresse un arrêté interdisant toutes les manifestations sur la voie publique sur le département du vendredi 27 novembre 2015 à 00h jusqu’au lundi 30 novembre à minuit. L’arrêté préfectoral met en avant “que des groupes et groupuscules appartenant à la mouvance contestataire radicale et violente sont susceptibles de stationner en Eure et Loir en vue de converger vers Paris et l’île de France”. Ça commence à gamberger, un communiqué de réponse à cette nouvelle interdiction est publié dans la soirée (voir ci-dessous). Une assemblée est prévue pour le lendemain afin de décider ensemble de la suite à donner au convoi.

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La soirée d’information se déroule au Mans dans une salle paroissiale qui se remplit de personnes curieuses d’en savoir davantage sur le convoi et sur ce qui se passe sur la ZAD, ce qui peut être transmis à d’autres luttes. En pleine projection du film sur la ZAD, un curé surprend tout le monde en passant sa tête entre les deux panneaux coulissants qui servent d’écran. Il demande un peu de silence pour que sa propre réunion puisse continuer de l’autre coté de la salle. Au cours du débat qui suit, un cycliste en provenance de la ZAD redit combien chaque lutte compte et l’importance du réseau qu’on constitue tous ensemble. Une participante à la soirée lui répond : « Votre passage ça nous redonne l’envie de nous bagarrer et de gagner là où on est ».

Ce mercredi matin, départ vers Préaux-en Perche pour une soixantaine de kilomètres sous un temps plus clément.

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Quelques nouvelles de la paranoia…

En attendant, des nouvelles de l’Essone en grande crise délirante:
à suivre le mail envoyé aux personnels du campus Supélec sur le plateau de Saclay, qui met à
disposition un contact de délation des  »
*comportements et actions suspectes* » : (extraits)
 »

*La ville de Paris et l’ensemble de la région Ile de France accueilleront du
30 novembre au 11 décembre 2015 un événement d’ampleur internationale, la
COP 21, dont le maintien à l’ordre du jour a été décidé. Cet événement
rassemblera de nombreuses délégations et sera le théâtre de multiples
évènements. Compte tenu de l’état d’urgence décrété dans le pays, les
manifestations de grande ampleur ont été annulées ; néanmoins, il faut
s’attendre à ce que certaines manifestations hostiles à la tenue et aux
objectifs de la COP21 soient organisées ponctuellement. Le Plateau de Saclay
sera particulièrement concerné en ce que plusieurs mouvements de
contestation ont décidé d’en faire leur base de convergence et de repli, en
marge des manifestations parisiennes. Cette contestation peut revêtir des
actions violentes et s’enraciner pour une longue durée sur les zones
choisies alors appelées « zones à défendre » (ZAD). Aussi, les pouvoirs
publics ont-ils dû prendre en compte les considérations d’ordre public
qu’engendrera cet état de fait, en lien avec les responsables des
établissements et des nombreux chantiers en cours sur ce territoire. Pour ce
qui concerne les accès au Plateau du Moulon, les forces de police et de
gendarmerie renforceront leur dispositif de surveillance, avec des barrages
filtrants qui pourront impacter fortement la circulation. Les étudiants et
personnels travaillant dans nos bâtiments de Gif et/ou résidant sur
l’ensemble du campus devront faire preuve de patience vis-à-vis des
policiers et gendarmes déjà fortement mobilisés depuis les attentats du 13
novembre. De nouvelles perturbations sont donc encore, malheureusement,
prévisibles. Pour ce qui concerne notre campus (…), la plus extrême
vigilance devr être observée vis-à-vis des comportements et actions
suspects, même anodins, observés à proximité et au sein de son périmètre. Les
personnels et étudiants sont ainsi invités à alerter directement les forces
de police (appel du 17) sur toute action douteuse ou modification notable
dans leur paysage habituel. Ils compléteront leur signalement par mail à
l’adresse e-mail suivante (…)Les services techniques de l’établissement
procéderont à des rondes d’inspection régulières des extérieurs du
campus. Des informations complémentaires avec mise à jour de nos
consignes seront diffusées au fur et à mesure de l’évolution de la situation
telle qu’elle nous sera précisée par la Préfecture de l’Essonne. Pour ce qui
concerne les chantiers de construction (…), les moyens de surveillance
propres au chantier seront renforcés ; le concours des établissements
limitrophes (…) selon les dispositifs de surveillance qui seront déployés
à leur niveau, sera sollicité dans un souci d’un meilleur quadrillage de la
zone*. »

Voilà qui présente la COP21 et les 3 mois d’état d’urgence à venir sous
de bons hospices …

(source : https://paris-luttes.info/saclay-transforme-en-zsp-4260)

A ajouter, plusieurs nuits des vols de gros avions à hélices..

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Jour 2 du convoi de l’Est : entre la ZAD du Tronçay et l’Actipôle, une journée du Tonnerre !

Discussion matinale sur la ZAD du Bois du Troncay : histoire de la lutte contre Erscia.

Après une bonne nuit passée chez les ami.e.s du Morvan, on a le bonheur de se lever au beau milieu des prairies morvandaises couvertes de givre et nimbées de la lumière hivernale du soleil matinal. Après un copieux petit déjeuner, on part direction le site de la ZAD du Bois du Tronçais pour une discussion/témoignages sur la lutte victorieuse contre le projet Erscia de scierie industrielle/co-générateur électrique à partir de déchets industriels.

IMGP0424On arrive sur la zone de lutte, à l’orée d’une jolie forêt de feuillus située juste à côté d’une petite prairie. « C’est une forêt qui est situé sur une zone karstique avec une forte infiltration vers les nappes phréatiques souterraines, une zone cruciale pour la gestion des eaux… qu’ils voulaient raser pour faire leur scierie. » Les copain.e.s nous partagent leur expérience pendant 2 bonnes heures, tandis que le bois résonne des cris des enfants qui s’activent et d’un chien qui a joyeusement décidé de prendre en chasse la totalité des bois morts qui jonchent le sol. Un enregistrement de la discussion a été réalisé et sera bientôt mis en ligne, des extraits seront diffusés sur Radio Campus Dijon, et on essaiera aussi de faire un compte-rendu un peu plus conséquent de ce qui s’est dit.

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Ce qu’on peut déjà dire de cette chouette discussion, qui nous a captivé malgré le froid qui engourdissait peu à peu nos pieds, puis nos jambes, etc, c’est que l’émotion et la détermination sont toujours très présentes, sensibles dans les voix de nos ami.e.s qui parfois se brisent à l’évocation des moments forts de la lutte, de la force commune et joyeuse qui a décidé de résister et de se réapproprier ce bout de territoire pendant des mois. La décision de l’occupation est prise en février 2012, lorsque les gentes des associations impliquées (Loire Vivante, Decavipec et Adret Morvan) constatent que des bûcherons et des keufs tentent de commencer des travaux compensatoires, alors que les procédures juridiques de contestation des arrêtés de destruction des habitats sont toujours en cours. Le partage d’expérience de copain.e.s passées par Notre-Dame-des-Landes est aussi décisif pour se lancer ensemble dans la construction de cabanes, dortoirs, balançoires et autres cuisines collectives sur ce bout de terrain.

« On a décidé d’occuper, et l’après-midi même on était une cinquantaine à s’activer pour construire un grand dortoir, un copain est revenu porter d’énormes ballots de paille pour l’isolation avec son tracteur… » La force du mouvement est son fort ancrage local, « qui n’a pas laissé de prise à une stratégie cherchant à monter des « locaux » contre des « opposants comme ça s’est vu sur d’autres zones ». Les assos existantes s’étaient déjà impliquées depuis plusieurs années sur le terrain juridique, l’épluchage des dossiers, et de nombreuses réunions de partage d’informations un peu partout dans les villages. « On l’avait aussi joué stratégique en mettant un peu plus en avant des gens qui vivaient là depuis longtemps, qui étaient agriculteurs, etc… Des gens dont la légitimité de la parole ne serait pas mise en doute. »

La première occupation est d’abord « légale », et se monte sur la prairie prêtée par une soutien de la lutte. Quelque temps plus tard, le pré est retiré après de nombreuses pressions administratives subies par la propriétaire, et les cabanes migrent à quelques centaines de mètres plus haut vers la forêt pour occuper les terrains privés destinés au projet. « Ca a fait peur à quelques personnes, qui n’osaient plus forcément venir directement mais qui continuaient de manifester leur soutien, apporter à manger… Mais dans l’ensemble ça continuait de brasser beaucoup de mondes très différents. Dans le pré puis dans la forêt on s’est découvert beaucoup de choses en commun, malgré nos milieux très différents. »

Pendant la discussion un débat s’engage sur l’importance perçue sur le travail juridique et d’épluchage de dossier. Une copine qui vit sur un territoire proche intervient « ça m’étonne que vous appuyiez tellement dans votre récit cet aspect juridique, car nous par exemple on n’est pas tellement venus aider car on était scandalisés par ce projet précisément, mais pour la vie, la sensation de détermination collective des gens décidés à résister aux travaux, aux flics etc… » Les copain.e.s présents répondent « on sait bien qu’on peut gagner la lutte dans les tribunaux et la perdre sur le terrain, pour nous le juridique n’était pas tellement une fin soi qu’un outil pour créer un rapport de force, et pour construire quelque chose de commun avec les gens localement (partage d’infos etc).

Plusieurs copain.e.s continuent de s’exprimer sur la vie quotidienne et l’occupation, les mots résonnent sous les branches nues du taillis en habits d’hiver, et ils viennent des tripes : « Au début c’était quasiment que des locaux dans le bois, il y avait une moyenne d’âge de 80 ans, c’était fou! ». « Moi j’ai revécu mes 19 ans à Odéon, pendant mai 68. Sauf que c’était en février et qu’il faisait – 10 °C! ». « Y’avait de tout ici, des jeunes, des retraités, des « locaux » des « néo-ruraux », des « rmistes », anarchistes, chasseurs, paysans, etc… Moi je me suis surpris à être accueillant avec pleins de gens que je ne fréquentait pas, à suspendre mes jugements de valeur sur les manières de vivre des autres. Pleins de gens sont venus, il y a même eu des divisions de familles avec des personnes qui venaient ici plus ou moins en cachette… »

Les feuilles mortes continuent de tomber lentement, et le soleil blanc de midi dégivre les prairies. « Ensemble on a pris le temps de rêver, de dépasser le cadre de la forêt et de la lutte contre Erscia. On avait le temps pendant les journées et les nuits, à côté des braseros, dans le dortoir, de se demander ce qu’on foutait là. Quelle vie on veut? Quelle énergie? Quelle alimentation? Quelle éducation pour nos enfants? Quand on partage tout ça, ça réchauffe le cœur. »

Direction Tonnerre (à la vitesse de la foudre) pour les retrouvailles des vélos et la découverte du projet de centrale biomasse (carade).

Après cette chouette discussion on monte dans nos voitures et camions pour se mettre en route direction Tonnerre. Les reliefs bosselés, boisés, bocagers du Morvan laissent lentement places aux larges plaines céréalières et calclaires du pays Tonnerrois dans l’Yonne. Nous arrivons à 14h sur le parking de la gare, en face de la Communauté de Communes, où une vingtaine d’ami.e.s de l’association Arpent nous attendent avec banderoles, mégaphones et chansons!

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Les copain.e.s luttent contre un projet de centrale biomasse associé à un projet de 10ha de serres de tomates industrielles. Le projet, hyper opaque, serpente depuis des années et est relancé à chaque élection à grand renfort de promesses d’emplois « verts », bien entendus. Mais si, mais si, vous savez la forêt, les tomates, c’est renouvelable, tout ça tout ça. L’idée ce serait de fabriquer une centrale à 30 millions d’euros pour produire de l’électricité en brulant 120 000 stères de bois, prélevés sur environ 1000 ha des forêts déjà bien pressurées du pays tonnerrois. Les ami.e.s de l’association demandent des infos depuis des années et se voient opposer des fins de non-recevoir (pour ne pas dire un gros foutage de gueule) de la part des élus/présidents de la Communauté de Communes. « Quand on demande aux élus, ils disent « je ne suis pas au courant demandez au président ». Quand on demande au président il dit « je ne suis pas au courant, demandez à l’investisseur. » L’investisseur en question, un certain M. Pavoine, est à la tête de 23 sociétés allant de Paris, à Brive-la-Gaillarde en passant par l’Albanie (KLP Mines, qui exploite du bitume). Le siège social de la société qui porte le projet de centrale à biomasse – renommée « France Industrie Energie » après s’être appelée « France Industrie Finance » – est situé sur la zone d’activités « Actipôle » de Tonnerre. C’est là-bas qu’on va faire une petite promenade cet après-midi.

Mais avant, les copain.e.s ont prévu d’aller porter en main propre des lettres de demande d’informations aux 70 délégués communautaires de la communauté de commune. Du coup on y va en chansons, sur des reprises du Déserteur de Boris Vian ou de Promenons-nous dans les bois. On se retrouve à 40 dans les couloirs feutrés de la CODECOM et, puisqu’on est bien élevés, on toque à la porte, qui reste fermée. Bizarre, les bureaux sont pourtant censés être ouverts cet après-midi ?

On redescend donc tranquillement dans le hall du bâtiment pour y piqueniquer et le carrelage gris dépressif de la bureaucratie sans âme s’égaye de plats de pâtes, d’humus, d’anchois, de fromages et autres compotées d’oignons. Pendant ce temps là dehors une voiture de keuf arrive et relève quelques plaques. Puis on remballe et on part en convoi sur le futur site du projet de biomasse-carade. On y découvre plusieurs hectares de désert en friche, que traverse une route maillée de dizaines de lampadaires flambant neufs. L’aménagement du site de l’Actipôle a couté 1,6 M d’euros, ça n’a évidemment jamais servi (il y a aussi une deuxième zone industrielle à 2 km d’ici, également vide bien entendu), et il a été revendu 600 000 euros aux promoteurs du projet après déclassement en terres agricoles. C’est là que les promoteurs du capitalisme vert cherchent à se faire des thunes en industrialisant les forêts, sous couvert d’énergie « propre ».

On s’active à renfort de pioches, fourches et bêches pour creuser une centaine de trous et planter nos jolis arbustes pour repeupler ce désert à notre manière. D’autres clouent quelques palettes pour fabriquer « le siège social de Pavoine, qui s’est domicilié ici alors qu’il n’y a absolument rien. » Les keufs, qui se sont fait discrets depuis le début du convoi, ne se font cette fois pas attendre et débarquent à 2, 4, 6, puis 8 véhicules. Ils tentent de prendre nos identités en jouant aux gentils, « on ne va pas vous empêcher de faire votre action, on veut juste savoir qui vous êtes… ». On refuse tous ensemble. S’en suit plus tard un échange rigolo. Le capitaine de gendarmerie s’enquiert de savoir pourquoi ils ont été appelés. « Parce que la CODECOM n’a pas voulu nous recevoir pour leur donner la lettre. » « Ah bon, la CODECOM n’a pas voulu vous recevoir? C’est quand même bizarre, vous devriez y retourner. » « Non, ils ont fait exprès de fermer au public spécialement cet après-midi… » « Ah bon? Eh bien ils manquent de courage. Ils nous ont fait venir à 8 voitures juste pour ça, c’est vraiment n’importe quoi. » Du coup les poulets repartent un peu piteux, sans avoir pu rien faire. Certains tentent de s’occuper en faisant la circulation sur une départementale quasi vide. On rigole bien.

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On repart tous pour rejoindre nos ami.e.s cyclistes, qui arrivent de Montbard et qu’on rejoint à la gare. Ils sont toujours fiers et vaillants et prêts, état d’urgence ou pas, à conquérir la COP dans quelques jours ! Un petit tour chez un caviste du coin qui nous offre sympathiquement un délicieux vin chaud, et direction le Gite de la Parenthèse où nous allons ripailler avec nos hôtes…

Encore une belle journée qui s’achève, les matelas de sols se tendent ça et là, tandis que d’autres vont dormir chez l’habitant. Demain, cap vers Sens, où l’instauration du couvre-feu le weekend dernier dans tout un quartier suite à des perquisitions et la découverte « d’armes », une première du genre, expérimente tranquillement les technique de gouvernement par la peur en temps de guerre intérieure.

Saclay, Paris, nous voilà. Nous sommes toujours aussi déterminés à rejoindre nos ami.e.s des convois de l’Ouest, d’Agen et de Forcalquier le 27 et le 28, malgré les interdictions signifiées au convoi de Notre-Dame-des-Landes de rejoindre l’Ile-de-France puis le plateau de Saclay, malgré la proclamation d’un arrêté de la préfecture d’Eure-et-Loire interdisant toute manifestation sur la voie publique à partir du 27 tôt le matin. Le droit n’est le masque du rapport de force. Dans l’état d’exception permanent dans lequel nous vivons, que l’état d’urgence ne fait que rendre plus immédiatement sensible, le pouvoir s’exerce directement, avec une parodies de médiations juridiques, pour réprimer, sous couvert de « sécurité », toute volonté de contestation et d’invention d’autres mondes. Nous ne sommes pas dupes.

État d’urgence, état policier, vous ne nous empêcherez pas de manifester ! Sus à la COP et à son monde !

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RETOURNEMENT

Hier, nous vous avons fait part de l’interdiction de manifester dans l’Eure et Loir mais ce matin, surprise! le directeur de cabinet de la pref nous a directement envoyé ce mail:

« je reprécise les termes de l’interdiction de manifestation sur la voie publique : le passage de votre convoi ne fera pas l’objet de blocage de la part des forces de l’ordre du département.
Au contraire, nous avons donné la consigne de vous accompagner dans la traversée du département, en sécurisant les carrefours ou les traversées de villes par exemple.
Bien à vous,
Le directeur de cabinet de la préfecture d’Eure-Et-Loir »

notre passage est possible en Eure-Et-Loir, nous continuons donc notre chemin!!!

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Convoi « CAP sur la COP » Etape 3 – La flèche ne se laisse pas abattre

A l’heure où nous envoyons ce texte nous venons d’apprendre que la Préfecture d’eure et loir (étape avant l’Ile de France) vient maintenant à son tour d’interdire la présence du convoi parti de notre dame des landes à parti de jeudi minuit. Plus d’infos bientôt. !! Télécharger l’arreté ICI !!

le même texte en photos et plus d’infos sur http://zad.nadir.org et https://marchesurlacop.noblogs.org

## Convoi « CAP sur la COP » Etape 3 – La flèche ne se laisse pas abattre

Départ d’Angers. Dans une brume opaque, on avance à travers les zones commerciales, les ronds points et les échangeurs, jusqu’à s’arrêter devant une grille soudée. Derrière se dessine la silhouette d’une grande bâtisse. On empile les vélos sur le bas-coté . Un barnum est monté avec une banderole « Respect du droit d’asile – réouverture de la Pignonnière ». Une bande d’angevins, d’âge mûr mais d’une vivacité intacte, nous servent le café. L’un d’eux nous explique au mégaphone l’histoire de cette maison et de leur combat au long cours aux cotés des migrants : lui et ses ami-e-s s’arrangent très régulièrement pour ouvrir l’accès à des immeubles laissés à l’abandon et fermés. Ils s’adonnent joyeusement à ces pratiques, que la loi juge répréhensible mais qu’ils estiment néanmoins justes, et ce pour accueillir des réfugiés, majoritairement africains – soudanais, somaliens, tchadiens, érythréens, entre autre… Autant de demandeurs d’asile qui seraient autrement laissés à la rue malgré les engagements de l’Etat français à les loger. Les occupations restent précaires et après quelques mois de répit et de procédures juridiques, les migrants se font généralement expulser un sale matin par la police. Nos compères angevins se remettent alors en selle pour une nouvelle ouverture. La Pignonnière, devant laquelle nous marquons un arrêt ce matin, fait partie de ces bâtiments expulsés et qui est resté vide ensuite. Ils projettent sans s’en cacher de l’occuper une nouvelle fois et sont content-e-s que le passage du convoi donne un coup de projecteur à cette envie. On leur souhaite de parvenir à leurs fins. Angers n’étant pas loin de la Zad, on propose aussi de venir leur filer des coups de main au besoin.

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Après quelques tronçons de route nationale hier, le choix du jour est la « mini-route de campagne ». Vous savez, ces voies délaissées qu’il ne viendrait pas à l’idée au commun des mortels d’emprunter pour se rendre de Nantes à Paris, mais que nous avons la chance de découvrir tranquillement aujourd’hui. Quand on croise du monde dans les villages, que l’on capte un geste de main ou un regard curieux, des cyclistes parmi nous se détachent et vont causer un peu. L’escorte de gendarmes à moto et voitures ne sert pas à grand chose mais s’obstine à nous suivre.

A midi, la salle omnisport de Seiches sur Loire nous ouvre ses portes. L’atelier vélo se déploie. Au 3e jour de route, tout le monde tient à être bien graissé et bien gonflé. Devant la salle, après le repas, un habitant de Seiches prend la parole pour nous informer d’une lutte que lui et d’autres mènent contre la privatisation de 500 hectares de forêt publique, que le conseil général souhaiterait vendre au plus offrant. Ils font tout pour maintenir leur bois en tant qu’espace gratuit et ouvert. Un paysan de la Confédération paysanne, qui offrait un peu plus tôt à la cantonade des bouchons de cognac avec un grand sourire, explique qu’il monte à Paris pour une réunion du syndicat le lendemain : il promet d’appuyer notre arrivée en île de France malgré les interdictions.

La balade de l’après-midi est splendide, pleine de grands bois jaunis et arrosée de lumière cristalline. On traverse des villages avec des châteaux, de vieux fours à briques et des champs de pommiers. Au passage de la frontière, des gendarmes sarthois en nombre prennent le relais de ceux du Maine et loire, et nous rappellent que malgré les moments de grâce bucolique, nous ne sommes pas seulement en train de faire du cyclotourisme.

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Notre soirée à la Flèche a été l’objet d’un ardent bras de fer local. Les militants du comité avaient demandé à obtenir un complexe sportif pour nous héberger au sec, mais M. Chauveau, député-maire PS et pro-aéroport s’y est fermement opposé. Nos hôtes ont pu tout juste obtenir in-extremis de louer une salle pour la réunion publique du soir. Dans ce contexte, un couple de paysans a décidé d’accueillir les véhicules et la logistique du convoi chez eux, en tenant le lieu secret jusqu’au dernier moment pour éviter les pressions. Et pour résoudre les questions de logement, le comité a lancé un appel aux fléchoises et fléchois pour un hébergement à domicile. Nos hôtes sont fiers de pouvoir annoncer avoir trouvé 180 lits chez l’habitant en un rien de temps. Un beau pied de nez. Dans la grande salle de conférence, pendant qu’un vin chaud nous est offert, une jeune fille coiffée d’un chapeau nous dispatche chez les uns et les autres en nous donnant de petits tickets, et des explications sur les modalités de couchage et les heures de réveil. Ces échappées hors du grand groupe sont autant d’occasions d’échanges plus interpersonnels et de récits à partager le lendemain quand on retrouve le reste du convoi.

Après le repas, à 20h30 pétantes, Marylène, notre contact énergique pour cette étape, entre en scène. Elle essaie de couper tant bien que mal les conversations qui se poursuivent aux différentes tablées, un rien indisciplinées. Elle est bientôt rejointe par un groupe de personnes munies de perruques et tambours, qui accompagnent de rugissements et roulements chacune de ses déclarations. Chauveau, le cacique local en prend pour son grade sous les clameurs de la salle. Marylène rappelle l’engagement inébranlable de nombreux flèchois-e-s pour la sauvegarde du bocage nantais ou de sites précieux à proximité, comme la Monnerie, espace aquatique riche d’oiseaux rares. Après un temps de discussion sur la Zad, un de nos hôtes a préparé une intervention sur les raisons pour lesquelles, en aucun cas, le nucléaire ne pourra être considéré comme une solution à la question du réchauffement climatique. Chacun repart ensuite aux 4 coins du bourg.

En ce mardi matin, tout le monde est bien content d’avoir profité d’une nuit au chaud car une pluie battante accompagne le départ de la tracto-vélo. Nous croisons Michel qui va passer la journée assis le volant à la main sur un tracteur sans cabine. Nous le plaignons un peu, nous rigolons et il me dit « cest pas grave dans ces cas-là, moi je voyage dans ma tête et je pense aux tropiques ». Alors c’est parti : direction Le Mans et les tropiques ! Le convoi coulera-t-il ou poursuivra-t-il sa route malgré les aléas climatiques et les ardeurs du ministère de l’intérieur ? Vous en saurez plus demain, au prochain épisode.

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NDDL – Le convoi CAP sur la COP interdit d’un département de plus.

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La Préfecture d’Eure et Loir vient de nous signifier un arrêté (ci-joint) interdisant toutes les manifestations sur la voie publique sur le département du vendredi 27 novembre 2015 à 00h jusqu’au lundi 30 novembre à minuit. L’arrêté préfectoral met en avant « que des groupes et groupuscules appartenant à la mouvance contestaire radicale et violente sont susceptibles de stationner en Eure et Loir en vue de converger vers Paris et l’île de France ».

Le convoi Cap sur la cop parti samedi matin de Notre Dame des landes doit s’arrêter à Coulombs en Eure et loir, dans la nuit de jeudi à vendredi, puis repartir en direction d’Ile de france le lendemain.

Le gouvernement a déjà prohibé toute les manifestations publiques prévues dans les rues de la capitale pendant la cop 21. Un bataillon de gendarmes mobile a ensuite bloqué notre convoi pendant quelques heures dimanche pour lui signifier spécifiquement qu’il lui serait interdit de pénétrer en île de France. Avec l’Eure et loir en plus, le périmètre qui nous est interdit vient donc encore d’augmenter. Jusqu’où le gouvernement ira-t-il pour arrêter, 5 tracteurs, un triton, une cabane, une cantine mobile et 200 cyclistes de 1 à 77 ans, armés d’un peu d’huile de chaînes et de pompes à vélo ?

Si les autorités ne veulent décidément pas de nous, ce n’est en tout cas pas le cas des habitants des régions traversés. Ceux-ci nous accueillent chaque soir à bras ouvert, nous ouvrent leurs maisons, leurs prés et leurs salles des fêtes. Toutes ces personnes qui refusent de se laisser abattre par la peur et la résignation, nous montrent à quel point le mouvement de solidarité avec la lutte de Notre dame des landes est plus vivant que jamais.

La multiplication des interdictions de manifester ne pourra pas étouffer les voix de tout ceux qui considèrent que les logiques économiques et politiques actuelles nous mènent droit dans le mur. Nous véhiculons depuis la zad un message d’espoir, celui qu’il soit possible d’arrêter ici et maintenant leurs projets nuisibles et imposés, ainsi que la ferme volonté de sortir enfin de la marchandisation du monde. Ce message ne s’arrêtera pas en chemin, quoi qu’il arrive.

Pour l’heure, le convoi poursuit sereinement sa route vers Paris et la COP21. Il sera ce mercredi 25 novembre à Préaux du Perche. Nous invitons les comités et soutien à se tenir prêts et vigilants pour permettre la poursuite de son trajet.

Ci-dessous les rendez-vous pour l’étape du mercredi 25 novembre :

– 9h : départ de St. Corneille
– 13h00/15h : pause déjeuner : Cetton
– 17h : arrivée à la salle des fêtes de Préaux du Perche
– 20h30 : soirée sous barnum avec pour thème l’actualité de la Lutte

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22-23 novembre – Jour 1 du convoi auto-vélo de l’est : cap sur le Morvan !

Ca y est, le convoi de l’Est est parti ! Après une soirée d’accueil le 21 et un gros brunch le matin, un premier groupe à vélo d’une quinzaine de personnes s’est mis en route le 22 en début d’aprèm depuis les Lentillères à Dijon, salué comme il se doit… par une averse de grêle, alors qu’il avait fait beau toute la matinée. A l’ouest ils se mangent les keufs, nous on se mange, eh bien, la grêle. Heureusement ça s’arrête vite et les copain.e.s partent direction Malain pour une première étape tranquille (25 km), avant de prendre la route le 23 direction Montbard (60 km).

Pendant ce temps là le reste du convoi moteur a passé une soirée au coin du feu, entre derniers préparatifs logistiques et discussions sur les liens entre catastrophes naturelles/climatiques et attentats terroristes, reliés au sein d’un système de gouvernement carburant à la peur et l’impuissance, dont le seul horizon politique est la gestion/sécurisation des existences.

Ce matin, décollage vers 10h30 direction Vauclaix dans le Morvan ! On est 6-7 véhicules, voitures et camions, et une bonne vingtaine de personnes. Ce qui fait une quarantaine de participants au convoi en tout. Sur la route du Morvan on croise pas mal de voitures de gendarmerie et de motards, qui roulent en sens inverse. Peut-être qu’ils s’attendaient à un énorme convoi bloquant toute la circulation ? Mais non, on est discrets J.

On quitte lentement les contrées dijonnaises pour pénétrer dans le Morvan, saupoudré de neige, où l’on aperçoit déjà les paysages marqués par la sylviculture intensive : plantations débridées de cultures de pin Douglas, de sapins de noël (même dans les petits jardins particuliers) ou de quelques mélèzes et disparition progressive des forêts de feuillus.

On arrive vers 13h au café culturel associatif du Carrouège, juste à côté de Vauclaix. Ce chouette lieu, avec sa bibliothèque, son comptoir en formica et son programme bien chargé (discussions, concerts, marché local, dépôt de pain, journée enfants etc…) a été ouvert par des personnes de l’asso Adret Morvan impliquées dans la lutte contre le projet de scierie industrielle Erscia, lutte victorieuse fin 2013.

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« On a lancé ce café pour proposer un lieu où se rencontrer. Il y avait aussi cet argument, que personnellement je rejette, qui dit « vous vous opposez toujours aux projets mais qu’est ce que vous proposez ? » » explique un des membre de l’asso qui nous accueille. Malgré quelques difficultés interpersonnelles pour lancer le lieu, la place voit le jour en mai 2015, et elle est très accueillante. « C’est qui est bien c’est qu’on y croise des gens qui venaient un peu moins à l’époque de la lutte contre Erscia. Ca brasse pas mal de monde, et ça permet d’aborder des sujets dont on ne pourrait pas parler autre part. Comme les méthodes de sylviculture douce, par exemple. » En tout cas on s’y sent très bien et on est accueillis par des ami.e.s du Morvan et une gigantesque soupe de légumes !

A la découverte des ravages de la sylviculture intensive

 Bien requinqués on s’embarque pour une ballade en forêt, pour comprendre sur le terrain les ravages de la sylviculture intensive. Mélusine d’Adret Morvan (les prénoms ont été changés) et la chienne Dragonette (idem) débordant d’énergie nous accueillent dans la forêt du bois de l’étang juste au dessus de Pragny. Pendant trois heures on se ballade avec les commentaires de Mélusine et d’autres copain.e.s qui connaissent bien les bois du Morvan. On découvre et on sent, sur place, ce que ça veut dire que de traiter les forêts comme des champs d’arbres, de simplifier et standardiser le vivant pour l’adaptation à la demande économique. Car le massif du Morvan est considéré comme une grosse zone de production sylvicole : du coup les plantations rectilignes de pin Douglas ou de mélèzes grignotent de plus en plus sur la forêt originelle du Morvan, mêlée de hêtres, de charmes, de châtaigner, de chênes et de houx. Quand on se promène dans ces parcelles de résineux, le silence feutré des pas sur les tapis d’épines ou de mousses contraste avec la fraîcheur frottée des tapis de feuilles mortes.

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Et puis il y a les coupes rases, le mode de gestion sylvicole privilégié – alors que d’autres pratiques existent comme la gestion sous futaie irrégulière (avec des mosaïques de prélèvement en fonction des âges et des essences pour favoriser l’équilibre de la forêt). Même sur des zones humides on rase, on met en andain ce qui n’est pas utilisable pour le bois d’œuvre ou de chauffe, et puis on replante des douglas rectiligne et hyper dense. On attend 30-50 ans (de moins en moins au gré de l’augmentation de la demande), on recoupe, on replante. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que les sols trop acidifiés par les résineux ne puissent plus accueillir de nouvelle plantation sans amendements ou engrais. « On fait comme pour la céréaliculture intensive, sauf qu’ici c’est avec des arbres et qu’on fait des rotations tous les 40 ans pour les pins Douglas, et encore moins de temps pour les sapins de Noël, qui sont traités jusqu’à 7 à 8 fois dans l’année. Et puis ça ne s’arrêtera pas là, car leur but ultime c’est de réduire les temps de rotation au maximum, ils sont en train de faire des recherches sur l’acacia robinier ou d’autres essences pour produire le plus possible en le moins de temps possible… ».

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On voit aussi pas mal de taillis qui se développent sur friches non replantées, ou des plantations de Douglas non entretenues. Après la monoculture de pins presque sinistre, on respire mieux en voyant ces fouillis de fougères, ronces, genêts et bouleaux. « Souvent ces friches non replantées c’est des petits propriétaires retraités qui se sont fait piéger par des commerciaux qui leur promettent un gros chèque à la coupe, mais qui ne remplissent pas le dossier de subvention pour la replantation après coupe. L’état subventionne 900 millions d’euros par an pour planter ces champs de Douglas… »

Mélusine nous montre aussi les rares arbres pluri-centenaires qui restent dans cette forêt, un bel hêtre et deux chênes d’environ 300 ans. « Un grand drame de l’industrialisation de la forêt c’est que la forêt rajeunit. Il y a de moins en moins d’arbres morts, de moins en moins d’organismes décomposeurs (insectes mangeurs de bois, vers de terres, etc…). Concrètement les cycles de renouvellement ne sont plus respectés, la forêt s’appauvrit, la qualité des sols, des eaux… »

Chemins faisant (chemins communaux recouverts de feuilles et d’humus, chemins privés bitumés et subventionnés qui artificialisent les sols et facilitent le passage des machines, et chemins à nus, bosselés, que les quads ravinent pour le plus grand bonheur des amateurs de « loisirs verts »…), quelques un.e.s cueillent des champignons. Ce soir, à côté de la soupe, on aura une petite omelette aux chanterelles. Et, bien sûr, nos amis fongiques ne poussent pas tellement sous les champs de pins : car réduire les forêts à des champs d’arbres c’est aussi détruire tous les usages possibles, tous les mondes secrets des promeneurs, druides, et lichens… Chemins faisant toujours, d’autres en profitent pour faire leur « geste citoyen » en « éclaircissant » à mains nues de jeunes plantations de Douglas qui ne demandent qu’à disparaître pour laisser place au multiple qui vit. Cric, crac, rejoins-nous dans le convoi de l’est et toi aussi préserve la forêt avec ton éco-geste citoyen !

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Après cette ballade dans les bois, on comprend mieux la grande arnaque qui consiste à dire que la forêt française augmente et n’a jamais été aussi vaste, et qu’il faut donc la « valoriser », etc. « C’est complètement faux, puisqu’on qualifie de « forêt » ces champs d’arbres en monoculture. Ce qui grandit c’est la sylviculture intensive. Tout le reste, toute la mémoire des forêts, disparaît à son profit. » Et on sent la nécessité de s’organiser pour lutter, dans le Morvan et ailleurs, contre la prédation capitaliste et industrielle pour d’autres usages de ces espaces. Des extraits sonores seront bientôt disponibles et mis en ligne sur le site !

Le soir : repas et discussion sur les usages de la forêt

Retour au Carrouège pour se réchauffer, prendre un gros goûter puis à nouveau une délicieuse soupe. La salle est bondée, pas mal de gentes sont venu.e.s dire bonjour et ça fait plaisir. Puis, tranquillement installés autour de la table nous avons discutés des usages de la forêt, de comment tisser des passerelles entre métropoles et « zones vides » à ré-habiter, etc… Les petites notes seront bientôt publiées ! Tout le monde part se coucher chez des copain.e.s du Morvan et on se donne rendez-vous le lendemain matin sur le site de la ZAD du Bois du Troncay, pour une discussion collective sur cette lutte à partir de témoignages !

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24 novembre : Sens a peur

24 novembre : arrivée à Sens de la marche de Forcalquier après une courte étape de 17 km. Deux nouvelles personnes se joignent au groupe dans l’après-midi. Et là, on découvre l’ambiance de guerre aux pauvres, ou de guerre aux immigrés racisés que le gouvernement impose dans les banlieues en profitant des attentats, bien relayée localement par la mairesse Marie-Louise Fort (droite décomplexée). Couvre-feu limité à un quartier HLM (22h-6h), causant l’annulation de deux concerts à la MJC (un de reggae, un autre d’un groupe qui joue dans les mariages arabes), deux concerts qui avaient justement lieu dans le cadre d’une semaine sur la marche des Beurs de 1983 ; fermeture de la salle de répétition utilisée par les groupes de rock ou hardcore à 21 h ; changement des serrures de la MJC et fermeture par la police municipale… Le reste de la ville, blanche et/ou bourgeoise, ne vit aucun changement… Et avec tout ça, évidemment, pas question d’un hébergement de gens qui marchent à la MJC.

Demain, entrée en Île-de-France…

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22 novembre : nord Bourgogne

Aujourd’hui, la marche de Forcalquier fait une belle rencontre avec les copains de Side-Ways, journalistes indépendants en camion publiant de beaux web-reportages sur les alternatives à leur monde (voir aussi leur page Facebook, où ils publieront quelques photos de notre passage à Cerisiers). Le soir, autre belle rencontre et hébergement improvisé dans le repaire d’un clan écossais isolé…

Demain, passage à Sens malgré le couvre-feu et renforts attendus. On marche encore mercredi et jeudi, ensuite c’est fini, c’est le moment de nous rejoindre.

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