23 novembre : 2ème étape : Yoga sur nationale…

Après une nuit fraîche mais confortable sous le chapiteau géant, sous les toiles de tente, ou dans une salle du corps de ferme, les cyclistes se sont élancé-e-s en une joyeuse procession sous le soleil matinal.

La voiture balai a prouvé son efficacité, en ramassant les cyclistes victimes des premières crevaisons. Dans un concert de sonnettes de vélos et de klaxons de tracteurs, nous avons traversé Ancenis, mettant une certaine animation dans le bourg ce dimanche matin. L’occasion de discuter avec les passant-e-s, et de distribuer des tracts expliquant les enjeux du convoi.

Quelques kilomètres après Ancenis, un comité d’accueil inattendu nous attendait.

Positionnés sur la RN 23, plusieurs fourgons de gendarmes avaient bloqué la route et mis en place une déviation pour les voitures. On nous explique qu’il est question de procéder à des contrôles d’identité de l’ensemble des participant-e-s, afin de notifier «individuellement » l’interdiction de manifester en Ile-de-France. Logique, on est à plus de 350km de la région en question !

Une AG impromptue s’organise alors au beau milieu de la route entre les blocages de flics, pour décider de la suite des événements : on discute des questions d’anonymat, de fichage, de ce qu’il est possible de faire ensemble. On décide collectivement de refuser de décliner nos identités et donc se laisser ficher. Une «délégation» fait part de cette décision aux bleus manifestement perplexes : devant cet imprévu, il leur faut demander des consignes au ministère de l’intérieur.

Pendant ce temps, des messages sont envoyés tous azimuts, afin de diffuser l’information de notre blocage, d’activer les réseaux de soutiens et d’appeler du renfort.

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Fort-e-s de notre décision de résister ensemble à ce coup de pression, les participant-e-s se détendent les guiboles avec une mémorable séance de yoga improvisée sur la nationale. Les jeux de cartes et d’échecs sont de sortis, et certain-e-s en profitent pour rafistoler tentes et vélos. L’ambiance est à la cohésion et à la détermination joyeuse. Deux heures après, alors que les soutiens arrivent de part et d’autres du blocage et que le téléphone presse n’en finit plus de crépiter, deux gendarmes s’avancent avec un mégaphone pour mettre fin au suspense. Une sommation ? Non, ce sera finalement une notification collective : il nous est formellement annoncée l’interdiction de manifester en Ile-de-France suite à la mise en place de l’Etat d’urgence. Interdiction également d’accéder à Saclay, la dernière étape prévue avant Paris, où un «périmètre de sécurité» va être déployé autour de la ferme de l’agriculteur qui devait nous accueillir.

Ils nous annoncent enfin qu’on peut continuer la route, «en toute connaissance de cause». Un convoi averti en valant deux, on repart nombreu-s-es et heureus-e-s d’avoir tenu collectivement notre position face à la pression policière.

Étant donné ce malheureux contre temps, il est déjà 14h et les ventres gargouillent… Réactives, les cantines se posent quelques kilomètres plus loin au bord d’un étang et nous régalent ainsi que les personnes venues en renfort.

On repart rapidement pour rattraper le temps perdu et tenter d’arriver avant la nuit : ça pédale dur dans les montées ! Tel un convoi présidentiel, notre peloton est précédé par des motards de la gendarmerie et d’autres qui s’occupent en faisant la circulation.

L’arrivée à Angers est triomphale : des personnes nous attendent sur les carrefours malgré le retard, le froid et la nuit, pour une déambulation dans les rues de la ville.

Dans la salle municipale où est prévue la soirée, environ 200 personnes acclament l’arrivée des cyclistes, entonnent Bella ciao et se mettent à danser. Des cuisinier-e-s, aidé-e-s d ‘une trentaine d’autres personnes, ont préparé de multiples plats, sauces et salades depuis le matin. De grands panneaux permettent à chacun-e de s’inscrire pour aller dormir chez l’habitant-e.

Le banquet en musique est suivi d’une projection-discussion sur le thème de la lutte à Notre-Dame-des-Landes. C’est aussi l’occasion de retrouvailles : nous étions déjà venu il y a 2 mois pour une manifestation devant l’université d’ Angers afin de dénoncer sa collaborations au études de compensation environnementales payées par Vinci pour légitimer le projet d’aéroport. Nous avions alors constaté à quel point les comités locaux d’Angers et de Saumur étaient actifs.

Une fois encore, nous sommes ébahis ce soir par la chaleur et la ferveur de leur accueil.

Un peu plus tard, pendant la projection du film et la discussion publique, un groupe se détache pour discuter des différentes options possibles pour l’arrivée prévue sur les terres menacées de Saclay le 27 novembre, et la montée sur paris pour le banquet du 28.

Des contacts sont pris avec les collectifs et organisations qui nous soutiennent, avec les autres convois déjà en route et avec les personnes qui préparent notre accueil à Paris. Une chose est sûre de notre coté : nous ne nous arrêterons pas de nous-même et continuons pour l’instant notre trajet.

La soirée se termine et beaucoup d’entre nous repartent passer une nuit au chaud chez des habitant-e-s d’Angers, d’autres rejoignent l’Etincelle, un chouette lieu autogéré militant. Quatre personnes auront le plaisir de faire connaissance avec la BAC locale : contrôles, fouilles, menaces, volonté affichée d’humilier… la BAC était déjà connue pour ses contrôles abusifs, ça ne va pas s’arranger avec l’Etat d’urgence…Mais on ne se laissera pas intimider par la stratégie de la peur et ses arguments sécuritaires. Plus que jamais, ensemble, on ne lâche rien!!

Lundi matin, le convoi commencera sa journée par une halte devant un lieu ouvert par un collectif angevin pour accueillir les migrant-e-s et expulsé récemment.

– Twitter
https://twitter.com/MSLC21
https://twitter.com/cop21mascarade

– du sons et paroles issue des participants du convoi :
http://audioblog.arteradio.com/blog/3046972/cap_sur_la_cop_nddl/

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